Cohabilis réagit sur le rapport « Demain je pourrais habiter avec vous ! » de Denis Piveteau et Jacques Wolfrom
Cohabilis – réunion des réseaux CoSI et LIS – a pris connaissance avec intérêt du travail entrepris afin de favoriser le développement de l’habitat inclusif, ou habitat « accompagné, partagé et inséré dans la vie locale ». Le réseau partage la plupart des constats réalisés sur les freins au développement.
Nous accueillons avec humilité, mais également avec prudence les propositions envisagées. Avec humilité, parce que le sujet est vaste et complexe, et qu’il apparaît difficile de pouvoir juger aussi rapidement d’un arsenal technique aussi précis.
Avec prudence également, car si la partie « flexible » (boite à outils…) de l’approche nous semble être la bonne, nous identifions un autre aspect de la vision qui risque de sédimenter trop vite les contours d’un mouvement sociétal encore émergeant – et déjà encadré fortement par une loi, des textes d’application et une circulaire interministérielle de 40 pages. Nous notons par exemple l’envie des rédacteurs d’exiger à terme une compétence en coordination médicosociale de la part des porteurs de projet partagé. Or, l’inclusion par et dans l’habitat repose d’abord sur un mouvement de rencontre, d’appartenance et d’entraide pour lutter contre l’isolement, la solitude et l’entre-soi. Si la part d’accompagnement de la perte d’autonomie est nécessaire, elle doit rester un discret sous bassement à l’émergence d’une nouvelle fraternité. On ne saurait mélanger, encore une fois, l’accompagnement et le lien social (et non « de type familial »). Si l’habitat inclusif est inclusif, c’est parce que les habitants se rencontrent et s’entraident. Si perfectibles soient-ils, les SAAD, SSIAD, SAMSAH, SPASAD, MAIA, CLIC, MAA… existent déjà. Évitons d’enclaver l’habitat inclusif dans les objectifs et les logiques du champ médicosocial, mais travaillons aux charnières nécessaires entre cohésion sociale et intervention médicosocial – comme le fait par exemple, pour la cohabitation intergénérationnelle, l’association membre Vivre Avec à Bordeaux.
Nous regrettons par ailleurs que sur 276 pages, le terme « intergénérationnel » n’apparaisse que deux fois, et le terme « cohabitation » trois fois. L’expression « cohabitation intergénérationnelle solidaire » n’étant mentionnée qu’une fois : pour faire référence à son cadre légal. Pourtant, la cohabitation intergénérationnelle solidaire peut tout à fait constituée une des briques d’un projet de vie sociale et partagée d‘habitat inclusif. Cela semblerait particulièrement pertinent dans le parc existant, largement sous-occupé par les plus de 60 ans.
Enfin, la personne morale porteuse de projet d’habitat partagé peut occuper différents statuts et peut donc être une structure dont l’objet est de promouvoir la cohabitation intergénérationnelle solidaire. Ce type de structure a largement l’expertise pour le faire, pourvu qu’elle respecte le cahier des charges défini par décret. Nantes Renoue, Le Pari Solidaire, Générations & cultures sont quelques exemples d’associations membres du réseau Cohabilis qui portent des projets s’apparentant à de l’habitat inclusif (handicap mental, habitat intergénérationnel…) depuis plusieurs années. De nombreuses structures du réseau Cohabilis sont partantes pour se lancer dans de nouveaux projets.
A propos de Cohabilis
Le réseau Cohabilis, fusion des réseaux CoSI et LIS, regroupe près de 40 structures qui mettent en œuvre sur le terrain des solutions d’habitat partagé. Son expertise fait de lui un représentant et un promoteur fiable de la solidarité dans et par l’habitat. Il met en œuvre différentes solutions comme la cohabitation intergénérationnelle solidaire (dont il est le pionner), l’habitat intergénérationnel, l’habitat inclusif dédié au handicap ou encore la cohabitation solidaire avec les réfugiés. Chaque année, ce sont près de 1600 binômes engagés soit près de 30 000 bénéficiaires depuis sa création.